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Encore trop tôt pour parler du rendement du REM, dit la Caisse de dépôt
23 février 2017 |François Desjardins | Actualités économiques
Il est nettement trop tôt pour discuter publiquement du rendement que pourrait générer le projet du Réseau électrique métropolitain (REM), affirme le président de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Michael Sabia.
En marge d’un discours à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, où il a vanté les mérites de ce projet de système léger sur rail, M. Sabia a dit que des négociations sont en cours et que plusieurs éléments doivent encore tomber en place.
Se disant « très à l’aise » à l’égard de la rentabilité du projet, M. Sabia a dit que la Caisse de dépôt a « toutes sortes » de modèles. « Mais nous ne pouvons pas, pour l’instant, parler publiquement de la question du rendement. Nous avons du travail à faire avec le gouvernement du Québec et celui du Canada. Et ces négociations auront un impact sur la rentabilité et le niveau de rendement. »
La Caisse, qui prévoit la mise en service des premières rames du train en 2020, estime l’investissement total à 5,9 milliards. De ce montant, elle contribuerait 3,1 milliards, le reste provenant de Montréal (dans une moindre mesure), Québec et Ottawa. Présenté en avril 2016, le REM, une fois achevé, compterait 27 stations et 67 kilomètres de voie ferroviaire.
« Mais nous avons dit publiquement dès le départ qu’au bon moment nous rendrons public le rendement, et nous allons demander à un vérificateur externe de vérifier et valider le rendement », a ajouté M. Sabia. « Nous allons continuer d’agir en pleine transparence. »
Selon les données disponibles au 31 décembre 2015, le portefeuille des investissements en infrastructures de la Caisse a généré un rendement de 6,6 % en 2015, et de 9,8 % sur quatre ans. Les données au 31 décembre 2016 ne sont pas encore disponibles, car la Caisse entend les publier le 24 février.
Dans son discours, M. Sabia a reconnu que le projet, dont certains éléments ont récemment été critiqués par le Bureau des audiences publiques en environnement (BAPE), « suscite bien des discussions » et que « c’est parfaitement normal ».
« Ce n’est pas tous les jours qu’on bâtit une infrastructure de transport de près de 6 milliards. C’est un projet majeur. Notre responsabilité l’est également. Les questions posées sont tout à fait légitimes », a dit M. Sabia. Devant lui se trouvait un parterre de plus de 550 personnes, parmi lesquelles figuraient de nombreuses personnalités influentes du milieu des affaires montréalais.
La Caisse, qui compte une trentaine de déposants et figure dans les grands investisseurs institutionnels nord-américains, gère un actif de 254,9 milliards, selon les données au 30 juin 2016. Au cours des dernières années, la faiblesse chronique des taux d’intérêt et la recherche de revenus stables ont forcé tous les gestionnaires à se tourner vers le secteur des infrastructures, dont le transport en commun, les installations portuaires et les aéroports.
À court de détails
Le BAPE a estimé dans son rapport du 20 janvier dernier que le projet tel que présenté est à court de détails sur le volet financier et les enjeux de fréquentation. « La commission n’a pas eu accès aux données portant sur les revenus et les coûts d’exploitation. De plus, lors de l’analyse de la commission, il subsistait encore beaucoup d’inconnues concernant ce cadre, qu’il s’agisse du rendement espéré de la Caisse ou de l’intégration tarifaire », a-t-il écrit.
La Caisse fait valoir que le projet s’inscrit dans une perspective de bien collectif axé sur l’esprit d’un « partenariat public-public ». Le gestionnaire de caisses de retraite fait notamment valoir son expertise en matière d’investissement en infrastructure, entre autres à Vancouver (la Canada Line, construite pour les Jeux de 2010), le Heathrow Express et le groupe français Keolis, dans lequel la Caisse est un actionnaire à 30 % avec la SNCF, qui en détient 70 %.
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